Créé le 04-03-2013 à 12h58 - Mis à jour à 17h41

Pétition, condamnations, boycott : les attaques pleuvent sur le groupe espagnol depuis la mise en vente de bijoux dits "esclave".

Capture d'écran du site internet français de Mango. (DR Capture d'écran Mango)
Capture d'écran du site internet français de Mango. (DR Capture d'écran Mango)
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24,99 euros pour s'offrir un collier de style... "esclave" ! La dernière tendance de Mango ne passe pas. En commercialisant ces bracelets et colliers, dits "style esclave", la marque de prêt-à-porter espagnole s'est attirée ce week-end les foudres des internautes, qui appellent au retrait de cette collection et exigent des excuses de la marque.
En Espagnol, ces gourmettes et chaînettes sont effectivement surnommés "esclava", terme peu employé dans le langage courant mais encore fréquent dans le vocabulaire de la mode. Voyant des bijoux ainsi baptisés sur le site internet de Mango et ignorant les subtilités de l'Espagnol, des internautes choqués ont demandé des explications à la marque en l'interpellant sur les réseaux sociaux.
Un hashtag #BoycottonsMango a même été créé pour rallier les opposants.

"L'esclavage n'est pas un style qu'on porte autour du cou"

Une pétition, lancée par l’ancienne Miss France, Sonia Rolland, l’actrice Aïssa Maiga, et l'éditorialiste Rokhaya Diallo sur le site Change.org, se diffuse à grande vitesse. Le texte, déjà signé par plus de 2.800 personnes lundi 4 mars vers 13 heures, dénonce cette collection censée "faire de l'esclavage un objet de fantaisie et de mode" :
L'entreprise Mango banalise ainsi des tragédies qui ont traversé l'histoire de l'humanité et qui frappe encore aujourd'hui des millions d'êtres humains dans le monde."
Dans une tribune, publiée sur "Le Plus", les trois jeunes femmes s'offusquent :
Pour mémoire, les traites et l’esclavage ont fait des dizaines de millions de victimes, provoquant des drames familiaux irréversibles et vidant le continent africain de ses forces vives. La capture, la déportation et le travail forcé de ces êtres humains se sont accompagnés de violences inouïes : coups, amputations, viols, meurtres, etc.
Leurs conséquences sont encore visibles aujourd'hui, les descendants d’esclaves appartenant aux franges les plus pauvres de la population des anciennes puissances esclavagistes."
Elles demandent "le retrait de tous les objets de la gamme 'esclave' ainsi que des excuses de Mango qui, à travers ces 'créations', offense la mémoire des victimes de l’esclavage, leurs descendant-e-s ainsi que toute personne attachée à la dignité humaine".

"Une erreur de traduction"

De son côté, le Conseil représentatif des associations noires de France (Cran) a exprimé dans un communiqué "son indignation" face à "ces produits de la honte", et exigé "que l'entreprise retire de la vente tous ces produits, qui constituent une offense grave".
Le Cran demande à Mango de réparer l'outrage, et se réserve la possibilité d'engager des actions musclées contre l'entreprise : rassemblements, procès, ou encore appel au boycott."
Après l'avalanche de réactions et de messages sur les réseaux sociaux, Mango a réagi sur son compte Twitter ce lundi, disant regretter une "erreur de traduction".
La marque a dans la foulée entrepris de faire disparaître la mention "esclave" sur la version française de son site, un "nettoyage" qui n'était pas encore terminé ce lundi midi. L'excuse de la marque ne semble pas satisfaire ses détracteurs, qui pointent la ressemblance du collier de Mango avec ceux des esclaves.