Homos et hétéros, humbles et puissants, candides et magouilleurs : tout le monde en prend pour son grade.
Des stewards aux allures et aux comportements de folles perdues; des vidéos érotiques
où se compromettraient tous les puissants d'Espagne; un couple de
jeunes mariés épuisés par la fiesta; un escroc en fuite; un séducteur
dépassé; une voyante de province; une star de la presse du coeur; de
l'Agua de Valencia (cocktail qui fit fureur naguère) et de la drogue en
veux-tu en voilà; un tueur à gages; une vierge bien décidée à ne pas le
rester : voilà qui déjà fait nombre, voire masse. D'autant que tout ce
petit monde se trouve réuni, assemblé, coincé dans la cabine classe
affaires d'un avion qui, à la suite d'un problème technique, tourne en
rond dans le ciel d'Espagne (les passagers de la classe économique ont
été endormis à grands coups de décontractant).
Le nouveau film de Pedro Almodóvar présente toutes les apparences de la comédie délirante qu'il est assurément, mais si la question demeure posée de savoir s'il y a bien un pilote compétent dans l'avion, et des contrôleurs au sol, et un gouvernement en Espagne, il ne fait aucun doute que le cinéaste sait parfaitement à quoi il s'attaque, pourquoi et comment : c'est de manière délibérée, presque tranquille, qu'il laisse libre cours à un délire maîtrisé de bout en bout et livre un film dont il n'ignore pas qu'il ne plaira pas à tout le monde, ne serait-ce que parce que chacun en prend pour son grade, homos et hétéros, humbles et puissants, candides et magouilleurs. C'est par l'affichage des travers de ses semblables qu'Almodóvar clame son amour pour eux et par les métaphores les plus osées et un dynamitage systématique des codes du prétendu « bon goût » qu'il évoque la situation alarmante de son pays. Si l'on avait oublié que comédie et lucidité n'étaient pas contradictoires, « les Amants passagers » constitue la meilleure piqûre de rappel qui soit.
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Le nouveau film de Pedro Almodóvar présente toutes les apparences de la comédie délirante qu'il est assurément, mais si la question demeure posée de savoir s'il y a bien un pilote compétent dans l'avion, et des contrôleurs au sol, et un gouvernement en Espagne, il ne fait aucun doute que le cinéaste sait parfaitement à quoi il s'attaque, pourquoi et comment : c'est de manière délibérée, presque tranquille, qu'il laisse libre cours à un délire maîtrisé de bout en bout et livre un film dont il n'ignore pas qu'il ne plaira pas à tout le monde, ne serait-ce que parce que chacun en prend pour son grade, homos et hétéros, humbles et puissants, candides et magouilleurs. C'est par l'affichage des travers de ses semblables qu'Almodóvar clame son amour pour eux et par les métaphores les plus osées et un dynamitage systématique des codes du prétendu « bon goût » qu'il évoque la situation alarmante de son pays. Si l'on avait oublié que comédie et lucidité n'étaient pas contradictoires, « les Amants passagers » constitue la meilleure piqûre de rappel qui soit.
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