donderdag 28 maart 2013

Pourquoi les produits d'outre-mer sont plus sucrés (et comment y remédier)

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LE PLUS. Les députés examinent ce mercredi un projet de loi visant à rétablir l'équité en matière d'alimentation entre l'outre-mer et la métropole, notamment sur la teneur en sucre. En effet, les produits vendus en outre-mer contiennent souvent nettement plus de sucre que dans l'Hexagone. Pourquoi ? Et surtout, une loi peut-elle vraiment changer les choses ? Explications de Jean-Louis Lambert, sociologue des pratiques alimentaires 

Édité par Hélène Decommer  Auteur parrainé par Jean-Pierre Poulain

 Sucre, soda, boissons sucrées (Jeff Blackler / Rex Fea/REX/SIPA)
A la Réunion, un soda peut contenir jusqu'à 47% de sucre en plus qu'en métropole (Jeff Blackler / Rex Fea/REX/SIPA)

L'être humain a un goût inné pour le sucre. C'est une saveur qu'il apprécie et ce dès sa naissance. Mais en outre-mer s'ajoutent des facteurs historiques qui expliquent la plus grande présence du sucre dans l'alimentation. C'est devenu au fil du temps une habitude et comme toutes les habitudes, et plus encore quand elles sont alimentaires, il est difficile de s'en défaire.

Nous sommes conditionnés à préférer certains aliments

Les terres d'outre-mer ont été pendant des siècles des lieux de production de sucre. Quand des êtres humains se trouvent dans un environnement qui met à leur disposition un aliment, ils s'habituent à le consommer dès le plus jeune âge. C'est une sorte de conditionnement des préférences alimentaires.

Quand en plus il s'agit d'un produit relativement bon marché, comme le sucre, les facteurs s'accumulent pour expliquer l'attirance renforcée des habitants. Les producteurs locaux, artisans d'abord, puis les industriels, ont adapté leurs produits aux goûts locaux. Voilà ce qui a certainement contribué à instaurer des règlementations différentes en matière de sucre entre la métropole et les territoires d'outre-mer.

Réduire le sucre en outre-mer, mais sans gâcher le plaisir

Par ailleurs, on remarque au niveau international que le surpoids et l'obésité touchent tout particulièrement des populations nouvellement sorties de sous le seuil de pauvreté. Dès qu‘elles ont les moyens financiers et d'approvisionnement nécessaires à une alimentation suffisante, on note une consommation excessive et la constitution d'une réserve de masse adipeuse – donc de graisse –, comme ce fut le cas historiquement dans les périodes de moindre pénurie.

Les conséquences sur la santé de ces excès, dont celui de sucre, sont aujourd'hui nettement repérées. Il y a consensus pour dire qu'ils entraînent des complications. Donc sur le plan sanitaire, il est tout à fait légitime de vouloir établir une loi pour limiter la teneur en sucre dans les produits alimentaires en outre-mer.

Mais l'objectif de l'alimentation n'est pas seulement d'être en bonne santé, elle est aussi une source de plaisir. Or le problème actuel, c'est que les préoccupations des autorités qui sont centrées sur les problèmes de santé publique poussent les populations à adopter un régime alimentaire mieux adapté, mais sans toujours tenir compte de l'aspect plaisir. Pourtant, les discours diététiques sont moins bien retenus s'ils n'incluent pas cette dimension.

On peut considérer qu'il existe un droit au plaisir des populations autant qu’un droit à la santé. Dans cette optique-là, je ne suis pas certain qu'il faille aller jusqu'à l'alignement total des taux de sucre entre la métropole et l'outre-mer.

Les goûts ne changent pas en un claquement de doigts

Certains industriels ont déjà entrepris une marche vers l'égalisation des teneurs en sucre entre la métropole et l'outre-mer. C'est le cas notamment de Danone et Yoplait, comme j'ai pu le constater en tant que membre du comité d'experts des chartes de progrès nutritionnel du Programme national nutrition santé (PNNS). Dans ces cas-là, les entreprises baissent pallier par pallier l'ingrédient mis en cause, jusqu'à l'abandon d'une trop grande partie de la clientèle. Elles obtiennent alors le seuil à ne pas dépasser. En répétant l’opération plusieurs années de suite, les réductions peuvent aller jusqu’à 40%.

L'instauration d'une nouvelle loi aurait ceci d'appréciable qu'elle accélèrerait le processus et logerait tous les groupes industriels à la même enseigne. Mais encore une fois, vu l'écart des pratiques actuelles – jusqu'à 47% de sucre en plus dans un soda à l'orange vendu à la Réunion par rapport au même soda vendu en métropole, par exemple –, il faudra du temps. On ne peut pas modifier les goûts de toute une population en un claquement de doigts.

L'idéal serait donc que la loi prévoit un laps de temps suffisamment grand – au moins quatre ou cinq ans – pour que les taux de sucre soient réduits progressivement et que la population s'y habitue sans perte de plaisir.


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