dinsdag 18 september 2012

Vu au Lantaren Venster avec Jos: Barbara

ingetogen, subtiel, met een mooi ritme, het ritme van de DDR in die tijd.
Film lent, subtil, fait de regards et de silence, intense!

Barbara

01/05/2012 | 18h30
"Barbara", de Christian Petzold.

Le chef de file du nouveau cinéma d’auteur allemand plonge dans l’Allemagne de l’Est, dix ans avant la réunification. Un thriller froid et coupant.

En remettant à Barbara l’Ours d’argent de la mise en scène, le jury de la dernière Berlinale, présidé par Mike Leigh, a eu le nez fin. Barbara est le film d’un metteur en scène, un vrai, d’un agenceur de plans, d’un fin directeur d’acteurs, bref d’un cinéaste capable de donner de la tension à la moindre image.

A vrai dire, on le savait déjà de Christian Petzold, qui depuis Contrôle d’identité en 2001 a été le précurseur de la nouvelle vague allemande, marquant le retour de la rigueur formelle dans le cinéma d’outre-Rhin. Après une petite période de doute, son retour, avec Jerichow (2008) et surtout Yella (2007), tous deux sortis en même temps en France, creusait un peu plus le sillon d’un cinéma passionnant, haletant, attaché à l’écriture cinématographique comme celui d’Hitchcock, et posant sur la société de l’Allemagne de la postréunification un regard critique, voire ironique. Des films qu’il serait bon de montrer à tous les germano-béats libéraux qui pullulent dans certaines de nos factions de droite.

Pourtant, apparemment, Barbara se situe loin de tout cela. L’action du film se déroule en 1980 en Allemagne de l’Est. Barbara (interprétée par Nina Hoss, égérie de Petzold depuis cinq films et véritable actrice de génie) est pédiatre. Originaire de Berlin-Est, elle est soupçonnée de vouloir passer à l’Ouest : les autorités viennent de la muter dans une clinique de province proche de la mer au moment où débute le film.

Ses premiers contacts avec ses collègues sont très distants, sur le mode uniquement professionnel. Car Barbara a un amant de l’Ouest (qui a la possibilité de passer la frontière sans problème), Jörg (Mark Waschke), avec lequel elle est en train d’organiser son propre passage vers la “liberté”.

Mais très vite le médecin-chef de l’hôpital, André (Ronald Zehrfeld), un bon gros nounours, d’abord admiratif devant ses qualités de médecin, va manifester des signes d’intérêt, d’affection à l’égard de la belle mais sombre Barbara. Peut-elle lui faire confiance ? A qui peut-on faire confiance, dans ce pays ? Ou même ailleurs ? Ou même dans l’amour ?

La qualité du film de Petzold repose sur l’équilibre créé entre les deux forces qui le traversent, l’amour et le politique (la vie dans une dictature), dont la commune problématique repose donc sur la confiance.

Le cinéaste apporte à son sujet une intelligence qui tranche avec la masse des films consacrés à l’Allemagne de l’Est, dont la commune mesure est le manichéisme et la moquerie facile (Goodbye Lenin!, La Vie des autres).

Sans vanter le moins du monde les mérites du passé communiste (le climat de méfiance généralisé du film ne cherche à tromper personne), la mise en scène s’arroge le droit d’en montrer aussi les aspects positifs, avec ses propres armes – d’abord par l’image, aux couleurs vives qui mettent en valeur les paysages, les visages des personnages. Finie la grisaille généralisée des pays de l’Est qui était la norme choisie uniformément par les productions de l’Ouest – sans doute pas par hasard…

Le film de Petzold montre avec une réelle subtilité d’analyse, en évitant soigneusement de jamais tomber dans la métaphore, que la défiance entreles citoyens d’une même dictature s’accompagne d’une vertu insoupçonnée : l’attention aux autres.

Certes, tout un chacun peut être un agent de la Stasi (nom qui n’est d’ailleurs jamais prononcé dans le film) mais cette autosurveillance généralisée engendre aussi parfois une solidarité inattendue entre victimes d’un même régime.

Un peu comme Ingrid Bergman dans Les Enchaînés d’Hitchcock, Barbara va bientôt se retrouver face à un dilemme : réaliser son rêve de s’évader de son pays (car il est possible) ou assumer la responsabilité de rester dans le sien pour tenter, à son niveau, d’améliorer la société comme elle ne va pas (Barbara sauve plusieurs de ses jeunes malades du pire).

Or ces deux décisions contradictoires coïncident justement avec les hésitations, les va-et-vient de ses sentiments.
Qui aime-t-elle réellement ? Son amant passionné de l’Ouest plein aux as ou le Dr André, en qui la confiance s’installe au gré de leurs réussites médicales, mais aussi de leurs discussions ?

La réponse que ce beau personnage de femme donnera aux mille questions qui l’écartèlent sera magnifique, courageuse, ouverte, poignante. Et surtout habilement amenée par une succession de scènes à l’agencement réglé comme du papier à musique, au premier abord mystérieuses (la très belle séquence où Barbara rencontre la maîtresse d’un collègue de Jörg, son amant de l’Ouest), et qui pourtant rendent peu à peu compréhensibles les hésitations de Barbara, sa compréhension d’un monde toujours plus compliqué que ne le disent les idéologues de tous bords.

“Oh, Barbara, quelle connerie la guerre”, disait une chanson de Prévert. La Barbara de Petzold ne résout pas le conflit entre l’Ouest et l’Est. Mais elle incarne à elle seule les errements, les haines et les douleurs passées, profondes, souvent tues, de tout un peuple.

Geen opmerkingen:

Een reactie posten