zaterdag 22 maart 2014

Figure-phare des journalistes-écrivains, François Caviglioli était un conteur-né et a incarné le service Notre Epoque du "Nouvel Observateur".

Denis Demonpion, rédacteur en chef du service Notre Epoque
Je me souviens de François. De ses silences, de sa voix douce, de son œil ironique et amusé, toujours en alerte. Et surtout de ses angoisses irrépressibles quand on lui commandait un papier. C’était dans les années 70. Je débutais à "Paris Match".
Après un détour par la Belle Ferro, le café d’angle, au coin de la rue Pierre-Charron et François 1er près des Champs-Elysées, François disparaissait. Personne n’était vraiment inquiet car on savait que quand il réapparaîtrait - deux, trois quatre jours plus tard voire davantage -, mais toujours dans les temps, le papier serait là, carré, à la longueur requise et surtout d’une extraordinaire limpidité. Un plaisir de lecture.
Dès l’attaque, il prenait le lecteur par la main et ne le lâchait plus. L’esprit était au rendez-vous et le coup d’œil aussi. Car François savait s’attarder pour voir et observer, l’air facétieux, la comédie humaine et la part de tragique qui va avec. Aucun effet de style, ni de formules ampoulées dans ces écrits. C’était un conteur-né. Il n’est que de relire "Un voyage en France" paru en 1981 au Seuil, un petit bijou d’observation et d’écriture. Il faisait l’admiration de tous. Et il m’impressionnait.
Puis le temps a passé. Aussi quel privilège, quelle joie immense, après toutes ces années, de le retrouver au service Notre Epoque du "Nouvel Observateur". Elégant, toujours aussi affûté, fin et spirituel. Il ne craignait pas, à l’occasion, d’écrire à rebrousse-poil. Les cris d’orfraie poussés ici et là en réaction à ces partis pris le faisaient rire. François était un homme de qualité, d’une entière liberté. Et je l’aimais, pour ce qu’il était.

Peu après la mort de François Caviglioli, Jean Daniel, Doan Bui et Delfeil de Ton ont eux aussi écrit un texte d'hommage.
Jean Daniel : "François Caviglioli, une Grande Plume du journalisme"
Doan Bui : "On l'appelait 'Cavi'"
Delfeil de Ton : "Cavi, c’était super-plume"

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