dinsdag 10 juni 2014

Oui, Jean-Marie Le Pen a bien tenu des propos antisémites dans sa carrière

"Je vous mets au défi de trouver une phrase antisémite dans ma vie politique", a lancé le président d'honneur du FN après son dernier dérapage. Florilège.

Jean-Marie Le Pen BERTRAND LANGLOIS / AFP Jean-Marie Le Pen BERTRAND LANGLOIS / AFP
Jean-Marie Le Pen a fait parler de lui ce week-end pour avoir suggéré de faire "une fournée" d'artistes anti-FN dont le chanteur de confession juive Patrick Bruel dans une vidéo publiée vendredi puis retirée du site du Front national. Des propos qui vont jusqu'à déchirer le FN, faisant particulièrement réagir sa fille, Marine Le Pen, qui a évoqué une "faute politique". Réplique ce lundi matin du président d'honneur du parti d'extrême droite :
Je vous mets au défi de trouver une phrase antisémite dans ma vie politique."
Nous avons relevé le défi. Résultat : Jean-Marie Le Pen a été condamné une fois en 1985 pour "antisémitisme insidieux", et de nombreuses fois pour des motifs qui, s'ils n'ont pas été explicitement qualifiés d'"antisémitisme" par le juge, y font référence en sous-texte. Qu'il s'agisse de "contestation de crime contre l'humanité", de leur "banalisation" ou d'"injure publique". Retour sur les sorties les plus ambigües.

Samedi 7 juin 2014 : "On fera une fournée la prochaine fois"

Jean-Marie Le Pen crée la polémique : dans une vidéo publiée puis retirée du site du FN, il s'exprime à propos du chanteur Patrick Bruel : "Écoutez, on fera une fournée la prochaine fois".

Le Pen attaque Bedos, Madonna, Noah et Bruel... par LeLab_E1
Selon le Larousse, la fournée est un "ensemble de pièces, d'objets mis ensemble à cuire ou à traiter dans un four". Quant à l'antisémitisme, il est défini comme une "doctrine ou attitude systématique de ceux qui sont hostiles aux juifs et proposent contre eux des mesures discriminatoires".
Le lien entre un chanteur de confession juive et une "fournée" semble sans équivoque. SOS Racisme a annoncé le dépôt d'une "plainte dans les jours qui viennent contre cette immonde et énième sortie" de Jean-Marie Le Pen "qui renoue là avec ses sorties" passées.

Janvier 2005 : "L'Occupation allemande n'a pas été particulièrement inhumaine"

Dans une interview accordée à l'hebdomadaire d'extrême droite Rivarol, Jean-Marie Le Pen explique :
En France du moins, l'Occupation allemande n'a pas été particulièrement inhumaine, même s'il y a eu des bavures, inévitables dans un pays de 550.000 kilomètres carrés."
Le président d'honneur du FN est condamné le 16 février 2012 à trois mois de prison avec sursis et 10.000 euros d'amende pour contestation de crimes contre l'humanité.

5 décembre 1997 : "...les chambres à gaz dix à quinze lignes, ce qui s'appelle un détail"

Lors d'une conférence de presse en compagnie de l'ex-Waffen SS Franz Schönhuber, Jean-Marie Le Pen récidive, dix ans après sa première sortie (condamnée) sur les chambres à gaz :
Dans un livre de mille pages sur la Seconde Guerre mondiale, les camps de concentration occupent deux pages et les chambres à gaz dix à quinze lignes, ce qui s'appelle un détail".
Le tribunal de Nanterre condamne le père de Marine Le Pen pour "banalisation de crimes contre l'humanité" et "consentement à l'horrible". Ce dernier doit aussi consigner 300.000 francs pour la diffusion du jugement dans les journaux, verser entre 1 franc symbolique et 5.000 francs de dommages et intérêts à 11 associations plaignantes et payer leurs frais de justice. 

3 septembre 1988 : "M. Durafour-crématoire, merci de cet aveu"

Lors d'un discours devant les militants du Front national réunis en université d'été au Cap d'Agde, Jean-Marie Le Pen tourne en dérision le patronyme de Michel Durafour, alors ministre de la Fonction publique et des Réformes administratives, contre lequel il profère des injures :
Poursuivi pour injure publique, Jean-Marie Le Pen est finalement condamné le 3 juin 1991 à 10.000 francs d'amende par la cour d'appel de Paris.

13 septembre 1987 : "Les chambres à gaz sont un point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale"

Invité du Grand Jury RTL - Le Monde, Jean-Marie Le Pen s'interroge à voix haute sur les chambres à gaz :
Je me pose un certain nombre de questions. Je ne dis pas que les chambres à gaz n'ont pas existé. Je n'ai pas pu moi-même en voir. Je n'ai pas étudié la question. Mais je crois que c'est un point de détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale".

Jean-Marie Le Pen Point de Détail 1987 par myselfo
Le 28 janvier 1988, la 14e chambre de la cour d'appel de Versailles confirme une ordonnance rendue le 23 septembre 1987, où il est alors souligné que l'expression de "point de détail" peut être considérée comme un "consentement à l'horrible" de la part d'un "homme politique rompu à l'art du discours et aux nuances de la langue française".
Toujours pour la même affaire, Jean-Marie Le Pen est condamné le 18 mars 1991 par la cour d'appel de Versailles pour "banalisation de crimes contre l'humanité" et "consentement à l'horrible". Il doit par ailleurs verser des dommages et intérêts à une dizaine d'associations qui se sont portées partie civile dont le Mrap, la Licra ou l'Union nationale des associations de déportés.

Octobre 1985 : "Ces gens-là sont la honte de leur profession"

Lors d'un discours prononcé lors de la fête des Bleu-blanc-rouge au Bourget (Paris), Jean-Marie Le Pen s'en prend violemment à des journalistes juifs ou d'ascendance juive :
Je dédie votre accueil à Jean-François Kahn, à Jean Daniel, à Yvan Levaï, à Elkabbach, à tous les menteurs de la presse de ce pays. Ces gens-là sont la honte de leur profession. Monsieur Lustiger me pardonnera ce moment de colère, puisque même Jésus le connut lorsqu'il chassa les marchands du temple, ce que nous allons faire pour notre pays".
Après ces propos, Jean-Marie Le Pen est condamné définitivement au franc symbolique par la cour de Cassation le 3 février 1988 pour "antisémitisme insidieux". 

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