maandag 30 september 2013

Climat : "Le réchauffement climatique est une réalité"



Si les eaux montent de 40 centimètres, 400 millions de personnes seront touchées. Le climatologue Jean Jouzel envisage les conséquences du réchauffement climatique. Interview.

"Il y aura de la casse chez les espèces animales et végétales, en dépit de leur capacité d’adaptation", prévient Jean Jouzel, climatologue et président de l'association Météo et climat. (Zeppelin/SIPA)
"Il y aura de la casse chez les espèces animales et végétales, en dépit de leur capacité d’adaptation", prévient Jean Jouzel, climatologue et président de l'association Météo et climat. (Zeppelin/SIPA)


Hausse des températures de 4,8 degrés, montée des eaux de 82 centimètres : Jean Jouzel, climatologue et président de l'association Météo et climat, revient sur les conclusions alarmantes du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), qui prévoit l'accélération du réchauffement climatique d'ici à 2100.
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Bangkok (Thaïlande), Dhaka (Pakistan) et New York. Toute la côte américaine est sensible à l’élévation de la mer. Combiné avec des cyclones, assez fréquents dans cette partie du globe, la montée des eaux pourrait avoir des conséquences très importantes. Si le niveau de la mer augmente de 40 centimètres, on estime à 400 millions le nombre de réfugiés climatiques…
Quelles conséquences pourraient avoir le réchauffement climatique sur la vie quotidienne, aujourd’hui ?
La diminution des glaciers et le raccourcissement des saisons d’enneigement va frapper directement l'activité touristique partout dans le monde. Côté énergie, l'électricité produite grâce aux installations hydrauliques pourrait baisser de 10 à 15% dans les prochaines années, à cause des capacités de refroidissement réduites des cours d’eau.
La biodiversité va aussi pâtir du réchauffement. S'il est est trop rapide, il y aura de la casse chez les espèces animales et végétales, en dépit de leur capacité d’adaptation. La plupart des écosystèmes seront mis à mal. Un rapport du Giec, prévu pour mars 2014, devrait détailler davantage les conséquences du réchauffement climatique sur les hommes et l'environnement.
Quels sont les changements par rapport au texte du Giec publié en 2007 ?
Les effets du réchauffement climatique sont revus à la hausse. Surtout : le rôle de l’homme dans le réchauffement des 50 dernières années est confirmé à 95%. Si on veut limiter l'augmentation des températures, il faut absolument réduire l’effet de serre, produit par l’utilisation d’énergies fossiles.
Pour réussir à le diviser par 4 d’ici à 2050, il faut recourir davantage aux énergies renouvelables et produire des voitures plus sobres. 50% de l’augmentation de l’effet de serre est due aux transports et aux activités domestiques (chauffage, lavage…) Si on parvient à changer nos petites habitudes, on diminuera les rejets de CO2.
Les climato-sceptiques rappellent que la température a très peu augmenté sur Terre depuis 1997 : un moyen d’invalider la thèse du réchauffement climatique. Cet argument est-il recevable ?
C’est vrai que depuis la dernière décennie, le hausse des températures est trois fois moins rapide par rapport à la deuxième moitié du XXe siècle. Mais tous les autres indicateurs, la fonte des glaciers, la hausse du niveau de la mer, sont au rouge. Le réchauffement climatique est une réalité.
John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, appelle à une "action forte" pour lutter contre le réchauffement climatique, alors que les Etats-Unis n’ont toujours pas ratifié le traité de Kyoto, qui engage les signataires à réduire leurs émissions de CO2. 
Le Giec livre seulement un diagnostic et n’a pas vocation à donner de leçons aux décideurs politiques. Mais en tant que citoyen, je peux dire que si les deux pays principaux émetteurs de CO2, la Chine et les USA, ne ratifient pas le traité, ce sera quasiment impossible de lutter contre le processus de réchauffement climatique.
 Propos recueillis par Adrian de San Isidoro - Le Nouvel Observateur

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