Design
Chercher ce refuge, c'est tenter de trouver une aiguille dans une
botte de foin. Planquée en pleine nature, près de Santa Barbara, la
maison de l'écrivain T. C. Boyle borde l'océan Pacifique. Elle est
signée de l'architecte Frank Lloyd Wright, sa première en Californie.
Conformément aux principes du style Prairie, dont l'architecte a été l'un des initiateurs, la maison est construite au ras du sol, plus horizontale que verticale. Sans prétention victorienne, elle ne domine pas la végétation, mais s'y dissimule, l'absorbe. L'écrivain de 64 ans y habite depuis vingt ans avec sa femme, Karen, et leurs deux enfants. Elle porte un nom : la George C. Stewart House. « Vous n'y trouverez pas la porte d'entrée si facilement, rien de grandiloquent dans cette construction ; l'entrée ressemble à un accès vers la cave », confirme-t-il.
Un auteur reconnu, bardé de prix littéraires – un Faulkner Award, un prix Médicis de littérature étrangère – a-t-il les moyens de s'acheter une rareté si historique ? Si précis habituellement dans ses descriptions littéraires du geste humain, Boyle évince d'emblée la question : « On voulait changer d'air avec ma femme. Los Angeles, Woodland Hills... L' urbanisation m'éreintait. Puis un été, c'est tombé : j'ai vu Karen presque en pleurs. Il y avait cette maison de Wright à vendre, près de Montesito ; le dernier des propriétaires divorçait et ne pouvait pas en assurer l'entretien. » Il s'y rend circonspect, mais la description est en dessous de l'environnement paradisiaque qu'il y découvre. « Karen et moi avons tout fait pour la restaurer dans le respect de la volonté de son concepteur. » Le couple restaure le toit mais garde les inconvénients d'une maison en bois rouge, totalement inflammable dans cette région d'incendies forestiers. « Je me souviens de notre premier week-end : sac de couchage, embruns du matin, brouillard en provenance de San Diego, bien loin de l'éternel été de Los Angeles. Un paradis. »
D'un plan cruciforme, cette bâtisse de 1910 a été construite selon les plans stricts de Wright. On tourne au milieu d'une cheminée centrale en brique, puis l'espace, presque unique, sans mur portant, est éclairci par des fenêtres en bois tendu. Elles sont partout ces grandes baies. T. C. y a trouvé très vite ses habitudes, mais sans trop de troubles obsessionnels. Enfin, un peu. « Le matin, je commence par le ménage, c'est la moindre des rançons pour payer en retour l'amour d'une femme qui part chaque matin travailler alors que je reste à la maison. Quelques mails, quelques factures et je vais à mon bureau au premier étage. Je ne travaille pas contre un mur, mais devant une vision à deux bouts, d'un côté le Pacifique direction Santa Cruz, et de l'autre côté, un aperçu des monts Santa Ynez. »
La petite maison dans la prairie de T. C. est une demeure calme, pire qu'agréable, un repaire pour père responsable. Un foyer sans problème ? « Je suis peut-être le seul écrivain américain à ne pas avoir encore divorcé ou s'être remarié ! » Un écrin qu'il faut entretenir. « Préserver l'équilibre de cette maison, entre nature et bois rouge, c'est mon devoir en tant que quatrième propriétaire. Celui qui a peut-être pu, grâce à ses moyens, protéger un peu plus les principes premiers de la bâtisse que les précédents, qui voulaient les déformer pour satisfaire des aménagements plus contemporains.
L'écrivain T. C. Boyle habite depuis vingt ans dans la première maison californienne conçue par Frank Lloyd Wright. Il nous fait découvrir les secrets de ce trésor architectural caché en pleine nature.
Conformément aux principes du style Prairie, dont l'architecte a été l'un des initiateurs, la maison est construite au ras du sol, plus horizontale que verticale. Sans prétention victorienne, elle ne domine pas la végétation, mais s'y dissimule, l'absorbe. L'écrivain de 64 ans y habite depuis vingt ans avec sa femme, Karen, et leurs deux enfants. Elle porte un nom : la George C. Stewart House. « Vous n'y trouverez pas la porte d'entrée si facilement, rien de grandiloquent dans cette construction ; l'entrée ressemble à un accès vers la cave », confirme-t-il.
Environnement paradisiaque
Un auteur reconnu, bardé de prix littéraires – un Faulkner Award, un prix Médicis de littérature étrangère – a-t-il les moyens de s'acheter une rareté si historique ? Si précis habituellement dans ses descriptions littéraires du geste humain, Boyle évince d'emblée la question : « On voulait changer d'air avec ma femme. Los Angeles, Woodland Hills... L' urbanisation m'éreintait. Puis un été, c'est tombé : j'ai vu Karen presque en pleurs. Il y avait cette maison de Wright à vendre, près de Montesito ; le dernier des propriétaires divorçait et ne pouvait pas en assurer l'entretien. » Il s'y rend circonspect, mais la description est en dessous de l'environnement paradisiaque qu'il y découvre. « Karen et moi avons tout fait pour la restaurer dans le respect de la volonté de son concepteur. » Le couple restaure le toit mais garde les inconvénients d'une maison en bois rouge, totalement inflammable dans cette région d'incendies forestiers. « Je me souviens de notre premier week-end : sac de couchage, embruns du matin, brouillard en provenance de San Diego, bien loin de l'éternel été de Los Angeles. Un paradis. »
D'un plan cruciforme, cette bâtisse de 1910 a été construite selon les plans stricts de Wright. On tourne au milieu d'une cheminée centrale en brique, puis l'espace, presque unique, sans mur portant, est éclairci par des fenêtres en bois tendu. Elles sont partout ces grandes baies. T. C. y a trouvé très vite ses habitudes, mais sans trop de troubles obsessionnels. Enfin, un peu. « Le matin, je commence par le ménage, c'est la moindre des rançons pour payer en retour l'amour d'une femme qui part chaque matin travailler alors que je reste à la maison. Quelques mails, quelques factures et je vais à mon bureau au premier étage. Je ne travaille pas contre un mur, mais devant une vision à deux bouts, d'un côté le Pacifique direction Santa Cruz, et de l'autre côté, un aperçu des monts Santa Ynez. »
La petite maison dans la prairie de T. C. est une demeure calme, pire qu'agréable, un repaire pour père responsable. Un foyer sans problème ? « Je suis peut-être le seul écrivain américain à ne pas avoir encore divorcé ou s'être remarié ! » Un écrin qu'il faut entretenir. « Préserver l'équilibre de cette maison, entre nature et bois rouge, c'est mon devoir en tant que quatrième propriétaire. Celui qui a peut-être pu, grâce à ses moyens, protéger un peu plus les principes premiers de la bâtisse que les précédents, qui voulaient les déformer pour satisfaire des aménagements plus contemporains.
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