autre petite histoire, celle de Nellie, la coccinelle

Nellie, Nel pour les intimes, était une coccinelle à pois verts. D'ou ça venait? Mystère!
Certains disaient que sa mère avait abusé de petits pois, d'autres que son aiëule avait été une  luciole ou, selon les jaloux, tout simplement un ver de terre.
ver de terre à cause du son ver, comme la couleur, beaucoup ne sachant pas bien l'orthographe.

Elle, elle s'en moquait bien, elle se savait spéciale et en était très fière. Seulement, plus elle grandissait - ce qui était tout relatif-  plus les rivalités augmentaient dans cette famille de coléoptères pourtant estimée comme harmonieuse.  Comme quoi on peut se tromper.
Alors un jour, elle décida de ne plus voler.
Plus de concurrence avec les autres coccinelles, la paix enfin retrouvée.

Tout le monde sait que la plupart des coccinelles se nourrissent en grande partie de pucerons. Alors Nel se mit en route, car c'était l'heure du déjeuner. Il lui fallut grimper et grimper et éviter Annie, la fourmi, grande ennemie de sa sorte avec son miellat toxique. "ça avait l'air de ressembler au miel, produit amical, mais ce n'était pas le cas", comme sa mère le lui avait appris.
Le trajet à la conquête des pucerons s'avérait bien compliqué, fatiguant, épuisant.
Mais tout plutôt que de subir l'animosité des coccinelles à 7 points et autres.

Une semaine de labeur intense s'était passée, Nel se sentait au bout de ses forces. Ah, comme les ailes étaient utiles, elle le comprenait maintenant. Certes, elle avait fait de belles rencontres, avec la luciole, la nuit et même avec le ver te terre. Cependant, ses amies lui manquaient, elles voletaient alentour et riaient, s'amusaient. Sans elle. Bien-sûr, elle avait choisi cette nouvelle voie, mais avait-elle vraiment eu le choix?

De plus, elle savait que sa vie était courte et qu'il lui fallait rencontrer un mâle sous peu. Mais qui voulait bien d'elle? Ou justement, peut-être en y avait-il un qui la désirerait à cause de sa différence, grâce à sa différence. Alors elle se remit courageusement à voler, comme les autres, bien décidée à ignorer les commentaires désobligeants. Ses amies l'avaient un peu oubliées, en tous cas, elles l'avaient laissée à son sort, respectant soit-disant son choix. "Bêtes à Bon Dieu"qu'on nous appelle, c'était encore à voir!
Mainteant, Nel était bien déterminée: elle se ferait de nouveaux amis, en tous cas, elle avait rencontré une luciole et un ver de terre et avait fait un bout de chemin avec eux, pas les autres. Elle était différente et devait continuer à en être fière.

Un beau jour, elle aperçut une drôle de coccinelle, toute verte. elle vint au devant d'elle:
- je m'appelle coccinelle verte de la neuveville, je suis Suisse, bien le bonjour, s'écria celle-ci.
Polie avec ça, oui, pensa Nel qui avait bien détecté un léger accent, mais qu'importe, elle aussi était tout autre et n'avait pas l'air de s'en inquiéter pour autant. À vrai dire, "elle" s'appelait Louis et devait se remettre du voyage fait sur un géranium.

Après avoir fait plus ample connaissance, ils se demandaient l'un et l'autre quelle couleur les élytres de leur progéniture aurait, si progéniture il y aura.
Il y eut.