encore un histoire

Lou, le lama - quelle idée, ce prénom, alors qu'il ressemblait plutôt à une chèvre en plus grand ou à un mouton avec toute sa laine - enfin, le lama avait décidé de ne plus cracher. Il trouvait ça malpropre. Qui crachait, se demandait-il, le cygne si élégant? Le chameau, son cousin aussi, bon. De plus on le trouvait, lui et ses congénères bien arrogants, mais comment bien porter sa tête quand on a un long cou sans encourir ces commentaires? De plus, on ne trouvait pas la girafe arrogante, alors? Il en avait assez de tous ces préjugés! (Au fait, saviez-vous que la girafe est le seul animal à ne pas bâiller?)
Il lui fallait trouver une manière de communiquer plus attrayante, du moins pour les autres. Un clin d'oeil lui avait procuré une mésaventure avec une vachette qui l 'avait mal interprété et s'était sentie atteinte dans sa personne, elle avait de suite dédaigneusement détourné la tête. Alors qu'il ne voulait que la contacter amicalement. Cette expérience n'était pas à répéter. Comme les autres mammifères étaient susceptibles!
Vers qui se tourner? Sa famille crachait quand bon lui semblait et n 'avait pas l'air d'en éprouver de la gêne!
Il savait bien que son crachat était dû à ce qu'il n'avait pas bien digéré, peut-être devait-il suivre un autre régime? Son cousin blatérait, mais on savait ce que les humains en pensaient, ils en avaient déduit le verbe déblatérer, ça c'était plutôt négatif.
Mais comment savoir que l'autre était pourvu de bonnes intentions et ne pas lui cracher au visage, mais lui montrer que ses propres intentions ressemblent aux siennes? Le fait que le lama était connu pour son esprit attaqueur, il ne fuyait jamais devant le danger, n'arrangeait pas les choses.
Passer au moins 20 ans à cracher ne le tentait vraiment pas. Il risquait par contre d'être rejeté par ses frères et se retrouver seul avec son problème.
Donc le choix était simple: ou accepter sa condition ou rester seul.
Il fit vite fait: de caractère docile, il se résigna à cracher, mais le moins possible, juste de quoi ne pas se faire rejeter par les siens, et de s'en excuser toute suite.