Un volumineux dictionnaire leur est consacré, sous la direction de Pascal Ory. Il mérite le détour.
Né le 8 mars 1924 en Pologne, mort le 29
septembre 2010 à Paris, GEORGES CHARPAK est le physicien français qui a
remporté le prix Nobel de physique en 1992. (©HAMPARTZOUMIAN/NECO/SIPA)
A l’heure où certains remettent au
goût du jour l’identité nationale, et où le débat sur l’immigration et
le droit du sol se retrouve de nouveau sous le feu de l’actualité, voilà
un ouvrage à mettre entre toutes les mains. Et tout particulièrement de
ceux qui oublient à quel point l’immigration est au fondement de notre
société, sans réaliser que des millions de Français ont des ascendants
d’origine étrangère à moins de trois ou quatre générations.Mais qui sont donc ces «étrangers qui ont fait la France»? Et comment les auteurs de ce dictionnaire dirigé par Pascal Ory ont-ils fait leurs choix? Encore faut-il, en effet, savoir de quoi on parle. Cela supposait de répondre au préalable à deux questions: «Qu’est-ce qu’un étranger?» et qu’est-ce que «faire la France»?
Outre la pratique de la langue française, ils s’en sont tenus à un critère juridique simple: «être né sous statut étranger», que ce soit en territoire français ou non. Se trouvent ainsi exclus les Français nés à l’étranger, dans les colonies ou départements comme l’Algérie, les descendants d’immigrés et les binationaux. On ne trouvera donc ici ni Nicolas Sarkozy, Edouard Balladur et Zinedine Zidane, ni Aimé Césaire, Léopold Sédar Senghor ou Kateb Yacine.
Des Roms à Manuel Valls
En revanche, il y a là 1200 notices individuelles (qui vont du photographe iranien Abbas au cinéaste polonais Andrzej Zulawski), une vingtaine de notices collectives (Architectes, Belges de la BD, la Légion Etrangère, les écoles de danse, de peinture, les étrangers des Compagnons de la Libération …), et une cinquantaine de notices portant sur des communautés (Africaines, Algériennes, Alsaciens-Mosellans, Espagnols, Japonais, Tsiganes, Roms…).Ces dernières intègrent les milliers d’anonymes qui ont participé à la construction du pays, tandis que les notices individuelles font la part belle à des personnalités majeures. Rien qu’en littérature, par exemple, se côtoient des gens comme Guillaume Apollinaire (né en Italie), Tahar Ben Jelloun (Maroc), Andrée Chedid (Egypte), Gao Xingjian (né en Chine, naturalisé en 1997 et prix Nobel de littérature en 2000), ou encore Milan Kundera (Tchécoslovaquie).
Mais tous les domaines figurent dans ce volumineux dictionnaire : arts et spectacles (Serge Gainsbourg, Yves Montand, Charles Aznavour, Pablo Picasso, Marc Chagall...), politique (Léon Gambetta, Robert Schuman, Manuel Valls…), médias (Françoise Giroud, Christine Ockrent, Antoine Sfeir…), sport (Raymond Kopa, Tony Parker, Abdellatif Benazzi, Nikola Karabatic…), économie (Marcel Bich, Mercedes Erra, Carlos Ghosn…), mode (Karl Lagerfeld, Pierre Cardin…), sciences (Marie Curie, Georges Charpak, Emile Paperniek…).
Autant de destins qui, chacun à sa manière, ont contribué et contribuent encore au prestige de la France dans le monde.
Nébia Bendjebbour
Dictionnaire des étrangers qui ont fait la France, sous la direction de Pascal Ory avec la collaboration de Marie-Claude Blanc-Chaléard,
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