maandag 16 december 2019

La dernière danse de Leonard Cohen

La dernière danse de Leonard Cohen


 
Leonard Cohen (1934-2016). (FABRICE COFFRINI / AFP)

Trois ans après la mort du prophète de « Hallelujah », un album posthume intitulé « Thanks for the Dance » ressuscite sa voix. Et c’est très beau.

On craignait le pire : un disque posthume bricolé avec une voix d’outre-tombe articulant péniblement des bouts de poèmes sur des musiques greffées après coup. Mais Leonard Cohen n’est pas Johnny Hallyday. Le pire, avec lui, n’est décidément jamais sûr. Trois ans après la mort du prophète de « Hallelujah », son fils Adam, qui était déjà à la manœuvre sur le magnifique et crépusculaire « You Want it Darker » (2016), a fait ici un travail irréprochable.
Il a su s’entourer d’aficionados comme Beck, Daniel Lanois, la chanteuse Feist, le bassiste d’Arcade Fire, Richard Reed Parry, le guitariste de The National Bryce Dessner, ou encore l’excellent Javier Mas, qui avait si bien accompagné le Maître sur scène dans ses miraculeuses dernières tournées. Rien que du beau monde, mais un beau monde qui a le bon goût de se faire tout petit, dans des arrangements acoustiques assez minimalistes pour servir d’écrin à l’irrésistible spoken word de Cohen.
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A l’origine, « Thanks for the Dance » était une valse écrite pour la chanteuse Anjani, qui figurait sur son album « Blue Alert », en 2006. La revoilà, comme une ultime révérence au ralenti, bouleversante de retenue et d’élégance, dans la bouche de son auteur : celle d’un vieux gentleman qui a beaucoup aimé faire tourner les dames dans ses bras (« Take this Waltz », « Dance Me to the End of Love »…).
Elle a bien mérité de donner son titre au disque, où l’on entend également Cohen psalmodier la liste de tout « ce qui arrive au cœur » dans une vie d’homme (« Happens to the Heart »), et faire des adieux douloureux, sur « Moving On », à une femme qu’il avait hissée au sommet de la pyramide de ses priorités :
« J’aimais ton visage, j’aimais tes cheveux
Tes tee-shirts et ta robe du soir
Quant au monde, au boulot, à la guerre
Je les ai tous évités, pour t’aimer davantage. »
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Dans l’un des meilleurs livres consacrés à « l’Homme qui voyait tomber les anges » (Camion blanc), Christophe Lebold résumait assez bien la situation :
« Il a caché une âme d’ange sous une vie de pécheur et réinventé la légèreté en chantant toujours plus grave. »C’est plus vrai que jamais, avec ce disque qui s’achève sur ces mots : « Don’t listen to me. » Il faut savoir finir une danse. Merci aussi pour celle-là, Monsieur Cohen.
Thanks for the Dance, par Leonard Cohen (Sony), sortie le 22 novembre

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