maandag 16 december 2019

Jean-Baptiste Naudet raconte comment il est devenu fou, et c'est très fort

Jean-Baptiste Naudet raconte comment il est devenu fou, et c'est très fort


 
Jean-Baptiste Naudet, grand reporter au "Nouvel Observateur". (©Stephane Remael)

Dans "la Blessure", le camarade Naudet parle de sa mère, de la guerre d'Algérie, de ses cauchemars. Chapeau, camarade.

C'est une histoire de guerre, une histoire d'amour, une histoire de fou. Le fou, c'est notre camarade Jean-Baptiste Naudet, ce grand reporter rigolard et si brillant qui a vu, en Tchétchénie, «des corps de femmes carbonisés qui serrent leurs bébés en charbon contre elles». L'amour, c'est celui qui unissait sa mère à son premier fiancé, un jeune sergent mobilisé en Algérie. La guerre, c'est cette «guérilla sans nom», cette «connerie» dénoncée par Prévert, qui a tué le sergent Robert Sipière, à 20 ans, dans le djebel kabyle.
Pour savoir quelle vieille blessure secrète a fait basculer sa mère «dans ses ténèbres» quand lui-même avait 16 ans, pour comprendre ce qui l'a rendu fou à son tour, pour cerner ce qui l'a poussé à devenir reporter de guerre, Naudet a un jour noté sur un «cahier de brouillon ‘‘supérieur''»: «Carnet de reportage sur moi-même».
De ce reportage au bout de sa nuit, il a rapporté la bouleversante correspondance amoureuse de sa mère, un récit accablant sur la criminalité en uniforme, et cette confession saisissante, fiévreuse, animée d'une lucidité terrible, qu'on ne peut lire sans frémir. Respect et amitié, Jean-Baptiste.
Grégoire Leménager
La Blessure, par Jean-Baptiste Naudet,
L'Iconoclaste, 304 p., 19 euros.
Paru dans "L'OBS" du 30 août 2018.

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