Par Didier Jacob
Cette année, 555 livres se disputent vos faveurs. Quelles sont les tendances du défilé automne 2013 ? Petit tour d'horizon.
La littérature française s'exile
Chambres de bonne ou grands espaces ? Tiraillé entre la simplicité des grands classiques (le king incontesté, Jean d'Ormesson, publie «Un jour je m'en irai sans en avoir tout dit» chez Robert Laffont), et la musique envoûtante des écrivains francophones (on retrouve Lyonel Trouillot chez Actes Sud avec «Parabole du failli», ou Dany Laferrière qui publie «Journal d'un écrivain en pyjama» chez Grasset), le roman français ne sait plus à quel saint se vouer.Alors que Thomas Clerc consacre «Intérieur» (Gallimard) à l'exploration minutieuse de son appartement parisien, nombreux sont ceux qui ont choisi, cette année, d'élargir les murs. Marie Darrieussecq quitte le Pays basque pour Hollywood («Il faut beaucoup aimer les hommes», POL), tandis que l'excellente Véronique Ovaldé («La Grâce des brigands», L'Olivier) traverse avec son héroïne le continent américain du nord au sud, destination Santa Monica.
Nul ne s'étonnera que la Franco-Canadienne Nancy Huston ait situé «Danse noire» des deux côtés de l'Atlantique, entre Irlande et Canada (Actes Sud). Mais qu'est-ce qui a donc poussé Céline Minard, avec «Faillir être flingué» (Rivages), à signer un western littéraire inspiré des classiques de l'écran ? Sans parler du roman de Judith Perrignon qui, dans «Les Faibles et les Forts» (Stock), a également situé son roman aux Etats-Unis, sur fond de ségrégation raciale.
Désir de changement ? Pas de doute, le roman français fait sa crise de la quarantaine. Même si l'on retrouvera, plus classiquement hexagonaux, Sylvie Germain («Petites Scènes capitales», Albin Michel), Bruno Tessarech (qui raconte, dans «Art nègre», chez Buchet-Chastel, l'histoire d'un écrivain qui n'arrive plus à aligner deux mots), David Bosc dans un magnifique récit de la dernière année de la vie de Gustave Courbet («La Claire Fontaine», Verdier), ou Tristan Garcia («Faber. Le destructeur» chez Gallimard).
Ecrivains stars : le régime sec
Hormis Amélie Nothomb («La Nostalgie heureuse», Albin Michel) ou Eric-Emmanuel Schmitt pour «Les Perroquets de la place d'Arezzo» (toujours Albin Michel), la star se fait rare. Raison de plus pour s'intéresser aux francs-tireurs : l'élégantissime Jean Rolin qui, après avoir raconté sa visite de Los Angeles à pied, s'en est allé naviguer dans le détroit d'«Ormuz», (POL). Ou Iegor Gran qui, dans «L'Ambition», navigue lui aussi, mais entre deux époques : celle de Facebook et des courses au Franprix, et leur équivalent au néolithique. Après «les Adieux à la reine», Chantal Thomas devrait faire un tabac avec son nouveau roman historique, aussi touchant que subtil, «L'Echange des princesses» (Seuil). De son côté, Jean-Philippe Toussaint clôt magnifiquement sa série amoureuse commencée avec «Faire l'amour» - son nouveau roman s'intitule «Nue», chez Minuit.(...)
Roulez jeunesse !
Attention, écrivain à suivre : né en 1978 à Genève, Jérémie Gindre semble combiner, dans son recueil de nouvelles qui paraît à L'Olivier, «On a eu du mal», l'humour des «Randonneurs» et la maniaquerie spéculative de Francis Ponge. Ce qui fait parfois merveille, dans des phrases frappées au coin du déconcertant :
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