C'est peu dire que les nouvelles qui viennent du pays de Vladimir Poutine ne sont pas gays.
Après s'en être pris aux Tchétchènes, aux journalistes, aux intellectuels, aux oligarques, à ses opposants, à ses anciens alliés, aux Femen, puis aux jeunes Pussy Riot qui avaient osé le défier, l'aimable Vladimir Poutine s'est trouvé de nouveaux ennemis, les gays et lesbiennes.
Un arsenal liberticide
Une loi, votée en juin sous le prétexte de protéger les mineurs et de défendre l'identité nationale des déviances de l'Occident corrompu, permet de coller de la prison ferme à quiconque est surpris en train de faire la "propagande des relations non traditionnelles" comme on appelle là-bas une homosexualité que l'on n'ose même pas nommer.Les députés doivent penser qu'elle représente une maladie tellement contagieuse qu'il suffit d'écrire le mot pour l'attraper. Cette nouvelle législation a fait d'autant plus de bruit qu'elle arrive à quelques mois des JO de Sotchi dont le Kremlin entend évidemment faire le tremplin de sa communication.
Malgré les protestations de diverses associations de droits de l'homme, relayées par Barack Obama et David Cameron eux-mêmes, contre cet arsenal liberticide, les Russes affirment qu'ils l'appliqueront sans mollir à tous les sportifs présents. On ignore comment.
Dans l'ambiance de beauferie viriliste qui règne dans le pays, chacun a compris, on vient de le dire, quel ennemi le concept de "relations non traditionnelles" visait. Mais dans le contexte des jeux Olympiques ?
Doit-on rappeler à nos amis russes que cette manifestation nous vient de la Grèce antique et qu'elle fût inventée pour permettre à un public masculin de se rincer l'œil devant des jeunes gens courant tout nus après s'être enduit le corps d'huile d'olive ?
La loi inspire des bandes de néonazis
Dans le cadre des Jeux, la relation "non traditionnelle" est clairement l'hétérosexualité. Il sera toutefois difficile de le faire valoir auprès des autorités.D'abord parce qu'il s'agit des JO d'hiver. Avec le harnachement grotesque de moon boots et de bonnets à pompon que ceux-ci supposent, ils excluent toute sexualité, quelle que soit sa nature. Ensuite parce que le reste des informations qui nous proviennent des rives de la Volga ne donne guère envie de faire de l'humour.
Dopées par cette loi, quelques bandes de néonazis amis du pouvoir ont commencé de l'appliquer avec une délicatesse de gestapiste sur les pauvres petits gars qu'ils réussissent à piéger sur des sites de drague. Je ne sais si vous avez vu sur le Net les images de leurs exploits.
Si vous y avez échappé, ne vous en plaignez pas, vous dormirez mieux. Tout ça, je l'écris sans ironie, est à vomir, et dieu sait pourquoi, cela en est venu à se télescoper dans ma tête avec ces autres reportages qui nous arrivent du littoral atlantique français, là où quelques dizaines de militants randonnent sur les plages pour essayer de faire vivre la queue de comète des grandes manifs de l'hiver contre le mariage homo.
Pourquoi s'arrêter à Paris ?
Rassurez-vous, lecteur sourcilleux, je ne fais pas l'amalgame entre les deux sujets. Quoi qu'on pense de l'un et l'autre, il y a de la marge entre les nervis de Vladimir Poutine et les amis de Christine Boutin.Je pensais juste à une suggestion à faire à ces jeunes gens. Pour faire entendre leur point de vue, ils ont décidé de marcher jusqu'à Paris. Pourquoi s'y arrêter ? Pourquoi ne pas continuer et aller porter leur bonne parole d'une-famille-c'est-un-papa-et-une-maman jusque chez les cousins russes ?
On ignore comment ils seront reçus. Vu les bandes de tsarés qui y règnent, s'y pointer comme ils sont, avec leurs petits minois, leurs jolis shorts et leurs chants scouts peut prêter à confusion et entraîner des désagréments. Avec un peu de chance, cette plongée dans une dictature qui a érigé leurs propres obsessions en morale d'Etat pourra quand même les faire réfléchir.
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