Double lauréate du Man Booker Prize (le Goncourt britannique),
auteure ultra-respectée outre-Manche, elle a profité d’une conférence au
British Museum pour livrer sa conception de la famille royale et de la
relation qu’elle entretient avec la société contemporaine. Elle s’est
surtout concentré sur la duchesse de Cambridge – appelée aussi la
princesse Kate.
Hilary Mantel s'est défendue d'avoir attaqué Kate personnellement, et a invité le public à lire son intervention «parce qu’elle replace [le discours] dans son contexte». C’est ce que nous avons fait, et le premier paragraphe du discours ne nous a pas déçu:
Hilary Mantel: romancière, essayiste et critique britannique anglaise. (Sipa) |
On m’a demandé de choisir une célébrité et un livre à lui donner. […] J’ai choisi Kate, la Duchesse de Cambridge, et j’ai choisi de lui donner un livre paru en 2006, écrit par l’historienne Caroline Weber, intitulé «Reine de la mode: Ce que portait Marie-Antoinette sous la Révolution». Ce n’est pas que je pense que nous marchons vers une révolution. C’est plutôt que j’ai vu Kate devenir une poupée articulée sur laquelle on accrochait quelques chiffons. A l’époque elle était un mannequin de magasin, avec aucune personnalité propre, entièrement définie par ce qu’elle portait. Ces jours-ci elle est une mère en devenir, et enveloppée dans un nouvel ensemble d’attributions inutiles.»
L’auteure ne s’arrête pas en si bon chemin:Kate Middleton, telle qu’elle était, semblait avoir été désignée par un comité et fabriquée par des artisans, avec un parfait sourire en plastique et des membres recouverts de vernis. […] Elle ressemble à une fille bien élevée, comptant «s’il vous plait» et «merci» dans son vocabulaire. Mais dans son premier portrait officiel par Paul Emslev, révélé en Janvier, ses yeux sont vides et elle revêt le sourire forcé d’une femme qui veut en fait dire au peintre de dégager».
La famille royale, cette bande de pandas
Le pire est encore à venir: dans le reste de son discours, et après avoir une dernière fois dénoncé la plastique irréprochable de Barbie-Kate, l’auteure se met à critiquer l’attitude des médias et leur «obsession à commenter» tout ce qui touche à la famille royale, pour, enfin, formuler la vraie problématique de son intervention:Je pensais avant que la question centrale était de savoir si nous devions être en monarchie ou non. Mais à présent je pense que la question est plutôt : devrions-nous avoir des pandas ou non? La famille royale actuelle pose moins de problèmes que les pandas quant il s’agit de l’élevage, mais les pandas comme les personnes royales sont chers à conserver et inadaptés à tout environnement moderne. Mais ne sont-ils pas intéressants? N’est-il pas amusant de les regarder? […] Tout le monde est obnubilé par eux, et peu importe a quel point leur enclos est spacieux, c’est toujours une cage.»
La réaction fut à la hauteur de l’outrage: dans une interview accordée à la BBC, le premier ministre britannique James Cameron a défendu la duchesse et qualifié ces propos de «peu judicieux». La presse ne parle que de ça. Une plume du très sérieux «Guardian» a reproché à Hilary Mantel de s’en prendre à une autre femme ; les tabloïds sont furax. Le «Daily Mail» parle d’attaques venimeuses. Le «Daily Mail», qui en connaît un rayon sur les attaques venimeuses.
Louis Blanchard
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