Germaine Acogny, danseuse et chorégraphe franco-sénégalaise, a fondé une école unique en son genre qui attire des artistes de toute l’Afrique noire.
L’Ecole des Sables ! Le nom est si beau qu’on le croirait forgé par
quelque artiste inspiré. Or, il provient du titre d’un documentaire
naguère produit par Arte sur cette école de danse africaine découverte
fortuitement par un réalisateur dans le bourg côtier de Toubab Dialaw,
au sud de Dakar, au Sénégal. Et ce titre était si poétique qu’il s’est
imposé aux fondateurs de l’école.
Les étudiants accourent par centaines. Dévouements magnifiques De telles entreprises se heurtent toujours à d’incommensurables difficultés. Mais suscitent aussi des dévouements magnifiques. Mécènes américaines d’Art International, Communauté européenne, Fondation Prince Klaus des Pays-Bas, Pro Helvetia, Cultures France ou Institut français, engagement de diplomates comme Gabrielle von Brochowski, financements de maisons par les ambassades de Suisse, d’Allemagne, des Pays-Bas ou par des personnes privées comme la chorégraphe Anne-Marie Reynaud : tout contribue à la réalisation du projet.
Il faut quelque 500 000 euros par an pour maintenir l’Ecole des Sables, institution unique en son genre sur le continent noir. Et il suffirait que quelques états d’Afrique s’unissent pour que perdure ce centre de formation et de création indispensable au développement culturel des peuples du sud du Sahara. Tous y trouveraient de l’intérêt pour le futur. Germaine Acogny, Helmut Vogt et leurs collaborateurs s’épuisent à monter dossiers sur dossiers pour trouver de l’argent pour chaque projet, un argent toujours plus aléatoire. Y aurait-il enfin, dans une Afrique où tout n’est pas pauvreté, une instance qui comprendrait l’importance de l’Ecole des Sables pour les générations présentes et à venir ?
Raphaël de Gubernatis-Le Nouvel Observateur
Ecole des Sables, BP 22626 CP 15523 Dakar Sénégal, jantbi@gmail.com, www.jantbi.org
L’océan, la lagune et la savane
Effectivement, elle surgit des sables, comme un village édifié sur une colline rocheuse dominant l’océan et la plage immense d’une part, la lagune, de l’autre, et la savane piquée de baobabs. Elle est le fruit d’un rêve. Celui d’une artiste célèbre dans toute l’Afrique que chacun nomme "la mère de la danse africaine"… sans pour autant se soucier de lui fournir les moyens financiers de pérenniser son projet. Une artiste qui a toujours su que la conception de l’art moderne comme la préservation du patrimoine passaient par des connaissances solides, par un riche enseignement multidisciplinaire. Un domaine qu’elle connaît bien. Son nom : Germaine Acogny.Tout commence avec Mudra Afrique et Léopold Sedar Senghor
Quand Léopold Sedar Senghor, grande figure de l’Afrique décolonisée, fonda Mudra Afrique en 1977 à Dakar avec Maurice Béjart, grande figure alors de la danse universelle, c’est elle, Germaine Acogny, qui fut choisie pour en assumer la direction. Senghor ayant quitté la présidence du Sénégal, son successeur, en 1982, n’eut rien de plus pressé que d’anéantir une école vite devenue un symbole d'union artistique entre l’Afrique et l’Europe. Pour Germaine Acogny commencèrent des années de colère et d’errance jusqu’à qu’elle se décide, avec son époux, Helmut Vogt, un Allemand, de fonder en 1994 l’association "Jant Bi" ("soleil" en langue woloof), d’acquérir de vastes terrains désertiques à proximité d'un village de pêcheurs, Toubab Dialaw, au sud de la capitale, et d’y lancer le projet fou d’y édifier une école et un théâtre afin d’y former des danseurs de toute l’Afrique et d’ailleurs.Tout un village consacré à la danse et à la musique
Avant même que soient construits les premiers bâtiments se donnent les premiers stages, et c’est au cours de l’un deux qu’un forage entrepris grâce à l’aide financière de la France fait subitement jaillir l’eau sur le site dans les cris d’allégresse. Ainsi la viabilité de l’école est-elle assurée. Dès lors maisons d’étudiants, de professeurs, réfectoire, cuisines, bâtiments administratifs, salles de travail et théâtre jaillissent du sol tout à tour. De 1994 à 2004 s’élèvent près de 24 édifices dont ce beau Théâtre des Sables qui ressemble à une gigantesque tente de bédouins et où l’on danse sur le sable clair, le visage tourné vers l’infini.Les étudiants accourent par centaines. Dévouements magnifiques De telles entreprises se heurtent toujours à d’incommensurables difficultés. Mais suscitent aussi des dévouements magnifiques. Mécènes américaines d’Art International, Communauté européenne, Fondation Prince Klaus des Pays-Bas, Pro Helvetia, Cultures France ou Institut français, engagement de diplomates comme Gabrielle von Brochowski, financements de maisons par les ambassades de Suisse, d’Allemagne, des Pays-Bas ou par des personnes privées comme la chorégraphe Anne-Marie Reynaud : tout contribue à la réalisation du projet.
Qui aidera l'Ecole des Sables ?
Les fondations hollandaises Doen et Hivos aident jusqu’à aujourd’hui l’Ecole des Sables. Mais les stages et les bourses d’études offerts aux jeunes Africains, tous insolvables, tous impécunieux - alors que dans aucun autre pays de l'Afrique noire (hormis l'Afrique du Sud) n’existe un tel enseignement artistique établi - les voyages à financer, les salaires du personnel, la nourriture pour tous, l’entretien des lieux : cela a un prix.Il faut quelque 500 000 euros par an pour maintenir l’Ecole des Sables, institution unique en son genre sur le continent noir. Et il suffirait que quelques états d’Afrique s’unissent pour que perdure ce centre de formation et de création indispensable au développement culturel des peuples du sud du Sahara. Tous y trouveraient de l’intérêt pour le futur. Germaine Acogny, Helmut Vogt et leurs collaborateurs s’épuisent à monter dossiers sur dossiers pour trouver de l’argent pour chaque projet, un argent toujours plus aléatoire. Y aurait-il enfin, dans une Afrique où tout n’est pas pauvreté, une instance qui comprendrait l’importance de l’Ecole des Sables pour les générations présentes et à venir ?
Germaine Acogny chez Carolyn Carlson
Aujourd’hui, Germaine Acogny est à Paris. Carolyn Carlson l’a invitée à donner des cours au sein de son Atelier de Paris, à la Cartoucherie de Vincennes (du 2 au 6 décembre 2013, cours ouvert au public le 6 à 14h. Atelier de Paris-Carolyn Carlson ; 01 417 417 07). Et au Théâtre de la Ville, toute une journée est consacrée à la danseuse africaine (le 8 décembre, avec ateliers de danse africaine, méthode Acogny, pour adultes à 11h, pour enfants et adolescents à 16h ; rencontre publique avec Germaine Acogny à 14h et films sur elle à 13h et 16 h. Théâtre de la Ville ; 01 42 74 22 77).Raphaël de Gubernatis-Le Nouvel Observateur
Ecole des Sables, BP 22626 CP 15523 Dakar Sénégal, jantbi@gmail.com, www.jantbi.org
Geen opmerkingen:
Een reactie posten