Implication des directeurs, réunions d'information, évaluation... Colombe Brossel, adjointe à l’Education à Paris, répond sur les bugs et promet des solutions. Interview.
Faut-il parler de début "catastrophique", comme l’a fait le
SNUIpp parisien, le syndicat enseignant numéro un dans la capitale ?
L’adjectif paraît excessif pour désigner la première rentrée mettant en
place les nouveaux rythmes scolaires instaurés par Vincent Peillon
- quatre jours et demi de classe au lieu de quatre, plus deux
après-midi (le mardi et le vendredi) consacrés à des activités
culturelles et sportives.
Mais le fait est que quatre semaines après son démarrage, une certaine inquiétude continue d’habiter parents et enseignants : la réforme est incompréhensible, elle épuiserait les enfants, mettrait le bazar dans les classes… Au point que "Le Parisien" de ce vendredi 27 septembre titre en Une : "C’est pas le bon rythme !"
Des critiques auxquelles répond Colombe Brossel, adjointe à la Mairie de Paris chargée de l’Education.
Quelques voix s’élèvent contre la la réforme des rythmes scolaires à Paris, chez les parents comme chez les enseignants. On dit notamment qu’elle est incompréhensible.
- Je rappelle que Paris a mis en place 8.000 ateliers périscolaires pour 662 établissements et 137.000 élèves... Alors oui, il est vrai que nous avons dû faire un certain nombre d’ajustements depuis quatre semaines. Je reconnais aussi que nous aurions dû mieux communiquer avec les parents, qui n’ont pas bien compris ce qui se passait. Nous avons mis le paquet en juin sur les affichages d’information, mais cela n’a pas suffi. Voilà pourquoi dans toutes les écoles se tiendront des réunions d’information avec les responsables éducatifs Ville (REV) soit avant les vacances de la Toussaint, soit juste après.
La Toussaint, n’est-ce pas un peu tard ?
- A l’avenir, ces réunions auront bien évidemment lieu dès les premiers jours de la rentrée. Par ailleurs, nous allons mettre en place un carnet de correspondance spécifique pour les activités périscolaires, afin d’instaurer un contact plus important entre les parents et les responsables de l’animation.
On dit que les élèves sont épuisés à cause de la réforme ?
- Personne ne peut affirmer objectivement que les enfants sont plus fatigués que d’habitude, ni que cette fatigue est imputable au changement de rythmes. A Toulouse, où les enfants n’ont jamais cessé de travailler quatre jours et demi, aucun médecin n’a tiré la sonnette d’alarme. Par ailleurs, on entend depuis longtemps qu'ils arrivent épuisés aux vacances de la Toussaint, cela ne date pas de cette rentrée. Maintenant, c’est une inquiétude que nous entendons, et avons donc chargé un organisme indépendant [ICC Inter Consultants Chercheurs, spécialistes des évaluations des politiques éducatives, NDLR] d’évaluer ces choses en toute impartialité. A la fin de l’année scolaire, il rendra son rapport et chacun saura ce qu’il en est réellement.
Certains enfants en petite section de maternelle auraient été réveillés en pleine sieste pour se rendre aux activités périscolaires. Est-ce exact ?
- Une mère m’a interpellée sur ce point en effet. C’est malencontreux. Il va sans dire qu’aucune consigne n’a été donnée dans ce sens. Evidemment, il faut laisser dormir les petits qui en ont besoin. D’une manière plus générale, nous nous demandons s’il n’est pas souhaitable d’adapter la réforme des rythmes scolaires au cas spécifique des premières années de maternelle. L’organisme indépendant qui évalue cette première année sera chargé de se prononcer sur d’éventuels changements. Nous les suivrons.
Beaucoup de parents ont du mal à avaler de ne pas pouvoir choisir les activités périscolaires de leurs enfants…
- Nous avons laissé deux semaines aux enfants pour se prononcer sur les activités auxquelles ils souhaitent participer. Evidemment, ils ont eu largement le temps d’en discuter avec leurs parents et ceux-ci de les convaincre de choisir telle activité plutôt que telle autre.
En raison des activités périscolaires, l’école prend un risque de laisser entrer des gens qui n’ont rien à y faire, non ?
- Les écoles ont des gardiens et des gardiennes pour surveiller qui entre et sort. Mais pour éviter toute confusion, nous adresserons la liste des intervenants aux directeurs d’école, ce qui n’a pas été fait partout. Et surtout, nous sommes en train de fournir aux intervenants un document officiel doté d’un logo de la Ville, pour prouver qu’ils sont bien mandatés par nous.
Mais toutes les associations retenues savent-elles travailler avec les enfants ?
- Un point sera fait dès le deuxième semestre pour nous en assurer. Il est clair que celles qui ne donnent pas satisfaction ne continueront pas à travailler avec les établissements.
Les enseignants se disent mécontents de devoir gérer de multiples listes d’enfants qui pratiquent telle activité plutôt que telle autre, qui sortent ou ne sortent pas de l’école, etc. N’avez-vous pas trop chargé leur barque ?
- C’est pourquoi nous nous sommes engagés à doter les directeurs du périscolaire de chaque établissement d’heures spécifiques, le midi et le soir, pour coordonner qui fait quoi, qui rentre chez soi et qui reste à l’école, et nouer un contact accru avec les parents. Ce travail sera désormais accompli par eux.
Le corps professoral vit aussi assez mal de devoir prêter ses salles de classe. On entend que certaines ont été rendues dans un état dégoûtant...
- Aujourd’hui même, nous avons adressé des courriers à tous les intervenants du périscolaire pour leur rappeler un certain nombre d’obligations : ranger la salle de classe, ne pas emprunter le matériel pédagogique, bien ramener les enfants pour qu’ils ne déambulent pas seuls dans les couloirs... Tout le monde doit bien trouver ses marques, c’est ce à quoi nous nous employons.
Mais est-ce une bonne idée de faire du périscolaire dans une salle vouée au scolaire ?
- Dès que cela est possible, nous faisons en sorte que les activités aient lieu soit dans des espaces dédiés (bibliothèques, gymnases..), soit à l’extérieur des établissements. Mais cela n’est pas toujours possible, donc je le redis : des classes continueront à être empruntées à l'avenir. Mais je rappelle que cela ne concerne qu’une minorité des 5.600 classes parisiennes. Un tiers en moyenne.
C’est une année électorale. Ne craignez-vous pas que la droite parisienne ne surfe sur les mécontentements des parents ?
- Je constate en tout cas que dès le premier jour de la rentrée, Nathalie Kosciusko-Morizet [candidate UMP à Paris, NDLR] a dit qu’elle ne toucherait pas à la réforme si elle était élue. Pour moi, c’est l’aveu que cela ne fonctionne pas si mal.
Propos recueillis par Arnaud Gonzague - Le Nouvel Observateur
Mais le fait est que quatre semaines après son démarrage, une certaine inquiétude continue d’habiter parents et enseignants : la réforme est incompréhensible, elle épuiserait les enfants, mettrait le bazar dans les classes… Au point que "Le Parisien" de ce vendredi 27 septembre titre en Une : "C’est pas le bon rythme !"
Des critiques auxquelles répond Colombe Brossel, adjointe à la Mairie de Paris chargée de l’Education.
Quelques voix s’élèvent contre la la réforme des rythmes scolaires à Paris, chez les parents comme chez les enseignants. On dit notamment qu’elle est incompréhensible.
- Je rappelle que Paris a mis en place 8.000 ateliers périscolaires pour 662 établissements et 137.000 élèves... Alors oui, il est vrai que nous avons dû faire un certain nombre d’ajustements depuis quatre semaines. Je reconnais aussi que nous aurions dû mieux communiquer avec les parents, qui n’ont pas bien compris ce qui se passait. Nous avons mis le paquet en juin sur les affichages d’information, mais cela n’a pas suffi. Voilà pourquoi dans toutes les écoles se tiendront des réunions d’information avec les responsables éducatifs Ville (REV) soit avant les vacances de la Toussaint, soit juste après.
La Toussaint, n’est-ce pas un peu tard ?
- A l’avenir, ces réunions auront bien évidemment lieu dès les premiers jours de la rentrée. Par ailleurs, nous allons mettre en place un carnet de correspondance spécifique pour les activités périscolaires, afin d’instaurer un contact plus important entre les parents et les responsables de l’animation.
On dit que les élèves sont épuisés à cause de la réforme ?
- Personne ne peut affirmer objectivement que les enfants sont plus fatigués que d’habitude, ni que cette fatigue est imputable au changement de rythmes. A Toulouse, où les enfants n’ont jamais cessé de travailler quatre jours et demi, aucun médecin n’a tiré la sonnette d’alarme. Par ailleurs, on entend depuis longtemps qu'ils arrivent épuisés aux vacances de la Toussaint, cela ne date pas de cette rentrée. Maintenant, c’est une inquiétude que nous entendons, et avons donc chargé un organisme indépendant [ICC Inter Consultants Chercheurs, spécialistes des évaluations des politiques éducatives, NDLR] d’évaluer ces choses en toute impartialité. A la fin de l’année scolaire, il rendra son rapport et chacun saura ce qu’il en est réellement.
Certains enfants en petite section de maternelle auraient été réveillés en pleine sieste pour se rendre aux activités périscolaires. Est-ce exact ?
- Une mère m’a interpellée sur ce point en effet. C’est malencontreux. Il va sans dire qu’aucune consigne n’a été donnée dans ce sens. Evidemment, il faut laisser dormir les petits qui en ont besoin. D’une manière plus générale, nous nous demandons s’il n’est pas souhaitable d’adapter la réforme des rythmes scolaires au cas spécifique des premières années de maternelle. L’organisme indépendant qui évalue cette première année sera chargé de se prononcer sur d’éventuels changements. Nous les suivrons.
Beaucoup de parents ont du mal à avaler de ne pas pouvoir choisir les activités périscolaires de leurs enfants…
- Nous avons laissé deux semaines aux enfants pour se prononcer sur les activités auxquelles ils souhaitent participer. Evidemment, ils ont eu largement le temps d’en discuter avec leurs parents et ceux-ci de les convaincre de choisir telle activité plutôt que telle autre.
En raison des activités périscolaires, l’école prend un risque de laisser entrer des gens qui n’ont rien à y faire, non ?
- Les écoles ont des gardiens et des gardiennes pour surveiller qui entre et sort. Mais pour éviter toute confusion, nous adresserons la liste des intervenants aux directeurs d’école, ce qui n’a pas été fait partout. Et surtout, nous sommes en train de fournir aux intervenants un document officiel doté d’un logo de la Ville, pour prouver qu’ils sont bien mandatés par nous.
Mais toutes les associations retenues savent-elles travailler avec les enfants ?
- Un point sera fait dès le deuxième semestre pour nous en assurer. Il est clair que celles qui ne donnent pas satisfaction ne continueront pas à travailler avec les établissements.
Les enseignants se disent mécontents de devoir gérer de multiples listes d’enfants qui pratiquent telle activité plutôt que telle autre, qui sortent ou ne sortent pas de l’école, etc. N’avez-vous pas trop chargé leur barque ?
- C’est pourquoi nous nous sommes engagés à doter les directeurs du périscolaire de chaque établissement d’heures spécifiques, le midi et le soir, pour coordonner qui fait quoi, qui rentre chez soi et qui reste à l’école, et nouer un contact accru avec les parents. Ce travail sera désormais accompli par eux.
Le corps professoral vit aussi assez mal de devoir prêter ses salles de classe. On entend que certaines ont été rendues dans un état dégoûtant...
- Aujourd’hui même, nous avons adressé des courriers à tous les intervenants du périscolaire pour leur rappeler un certain nombre d’obligations : ranger la salle de classe, ne pas emprunter le matériel pédagogique, bien ramener les enfants pour qu’ils ne déambulent pas seuls dans les couloirs... Tout le monde doit bien trouver ses marques, c’est ce à quoi nous nous employons.
Mais est-ce une bonne idée de faire du périscolaire dans une salle vouée au scolaire ?
- Dès que cela est possible, nous faisons en sorte que les activités aient lieu soit dans des espaces dédiés (bibliothèques, gymnases..), soit à l’extérieur des établissements. Mais cela n’est pas toujours possible, donc je le redis : des classes continueront à être empruntées à l'avenir. Mais je rappelle que cela ne concerne qu’une minorité des 5.600 classes parisiennes. Un tiers en moyenne.
C’est une année électorale. Ne craignez-vous pas que la droite parisienne ne surfe sur les mécontentements des parents ?
- Je constate en tout cas que dès le premier jour de la rentrée, Nathalie Kosciusko-Morizet [candidate UMP à Paris, NDLR] a dit qu’elle ne toucherait pas à la réforme si elle était élue. Pour moi, c’est l’aveu que cela ne fonctionne pas si mal.
Propos recueillis par Arnaud Gonzague - Le Nouvel Observateur
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