Publié le 23-09-2013 à 16h53
Par Donald Hebert
L'économiste a remis à François Hollande un rapport afin de prendre davantage en compte le long terme dans l'économie. Interview.
Jacques Attali. (Fred Dufour - AFP)
Dans le rapport sur l'économie positive qu'il a remis samedi
21 septembre à François Hollande, l'ancien conseiller de François
Mitterrand Jacques Attali fait 45 propositions afin de prendre davantage
en compte le long terme dans l'économie. Il s'explique auprès du
"Nouvel Observateur".
Pourquoi un rapport sur l’économie solidaire ?
- Parce que la crise, financière d’abord, économique aujourd'hui, s’explique par le caractère de court terme des décisions prises par les différents acteurs notamment en ce qui concerne l’emploi, le système financier et l’économie en général. Il est important d’installer plus de long terme dans nos sociétés, ce à quoi aspire l’économie positive. Nous avons aussi constaté qu’un certain nombre d'acteurs sont apparus, ONG, coopératives et parfois entreprises qui prennent en compte ces questions de long terme à travers leurs considérations sociales, économiques et environnementales.
Quelles sont les conclusions de vos travaux ?
- La crise s’amplifie par le caractère non-positif de l’économie. La France n’est d’ailleurs pas bien classée selon l’indicateur que nous avons créé, puisqu'elle est 19e parmi les pays de l’OCDE. Les Etats-Unis sont 12e, l’Allemagne 13e, et la Suède est première : elle est rapidement sortie de la crise parce qu’elle a mené des réformes depuis 1994. Nous préconisons donc une série de réformes, regroupées en 45 propositions.
Vous préconisez notamment l'inscription au code civil d'une nouvelle définition de l'entreprise, afin de mettre fin "à la myopie actionnariale". Les actionnaires ont la vue courte ?
- Les actionnaires pensent à très court terme, parfois la fraction de seconde, quand ils regardent le cours de bourse. Ils ne sont donc pas forcément concernés par les effets durables des décisions prises par la direction des entreprises. C’est d’ailleurs pour cela que nous proposons que le pouvoir de décision grandisse avec la durée de détention des actions.
Vous estimez que "l’altruisme envers les générations futures est un moteur plus puissant que l’individualisme animant aujourd’hui l’économie de marché" ? N’est-ce pas surestimer la générosité humaine ?
- On n’est pas encore assez convaincu par le fait qu’il est important de prendre en compte les intérêts des générations suivantes. C’est une erreur. Ce sont elles qui vont travailler pour financer nos retraites et toutes les choses dont les générations actuelles auront besoin plus tard. Nous devons comprendre que l'altruisme est une forme intelligente d’égoïsme, un choix tout à fait justifié du point de vue rationnel.
Ce n’est pas le premier rapport que vous faites pour un gouvernement. Vous avez travaillé pour les gouvernements Jospin et Fillon. Avez-vous le sentiment d’être entendu ?
- J’ai fait un rapport pour le gouvernement Jospin dont les préconisations ont été immédiatement appliquées, visant à uniformiser le système de diplôme au niveau européen. J’en suis très fier. Je précise que tout cela est réalisé de façon bénévole, contrairement à ce que certains pensent. Le deuxième rapport bi-partisan a été pour un tiers par la précédente majorité, et j’ai l’espoir que l’équipe actuelle applique les deux autres tiers.
Propos recueillis lundi 23 septembre par Donald Hebert - Le Nouvel Observateur
Pourquoi un rapport sur l’économie solidaire ?
- Parce que la crise, financière d’abord, économique aujourd'hui, s’explique par le caractère de court terme des décisions prises par les différents acteurs notamment en ce qui concerne l’emploi, le système financier et l’économie en général. Il est important d’installer plus de long terme dans nos sociétés, ce à quoi aspire l’économie positive. Nous avons aussi constaté qu’un certain nombre d'acteurs sont apparus, ONG, coopératives et parfois entreprises qui prennent en compte ces questions de long terme à travers leurs considérations sociales, économiques et environnementales.
Quelles sont les conclusions de vos travaux ?
- La crise s’amplifie par le caractère non-positif de l’économie. La France n’est d’ailleurs pas bien classée selon l’indicateur que nous avons créé, puisqu'elle est 19e parmi les pays de l’OCDE. Les Etats-Unis sont 12e, l’Allemagne 13e, et la Suède est première : elle est rapidement sortie de la crise parce qu’elle a mené des réformes depuis 1994. Nous préconisons donc une série de réformes, regroupées en 45 propositions.
Vous préconisez notamment l'inscription au code civil d'une nouvelle définition de l'entreprise, afin de mettre fin "à la myopie actionnariale". Les actionnaires ont la vue courte ?
- Les actionnaires pensent à très court terme, parfois la fraction de seconde, quand ils regardent le cours de bourse. Ils ne sont donc pas forcément concernés par les effets durables des décisions prises par la direction des entreprises. C’est d’ailleurs pour cela que nous proposons que le pouvoir de décision grandisse avec la durée de détention des actions.
Vous estimez que "l’altruisme envers les générations futures est un moteur plus puissant que l’individualisme animant aujourd’hui l’économie de marché" ? N’est-ce pas surestimer la générosité humaine ?
- On n’est pas encore assez convaincu par le fait qu’il est important de prendre en compte les intérêts des générations suivantes. C’est une erreur. Ce sont elles qui vont travailler pour financer nos retraites et toutes les choses dont les générations actuelles auront besoin plus tard. Nous devons comprendre que l'altruisme est une forme intelligente d’égoïsme, un choix tout à fait justifié du point de vue rationnel.
Ce n’est pas le premier rapport que vous faites pour un gouvernement. Vous avez travaillé pour les gouvernements Jospin et Fillon. Avez-vous le sentiment d’être entendu ?
- J’ai fait un rapport pour le gouvernement Jospin dont les préconisations ont été immédiatement appliquées, visant à uniformiser le système de diplôme au niveau européen. J’en suis très fier. Je précise que tout cela est réalisé de façon bénévole, contrairement à ce que certains pensent. Le deuxième rapport bi-partisan a été pour un tiers par la précédente majorité, et j’ai l’espoir que l’équipe actuelle applique les deux autres tiers.
Propos recueillis lundi 23 septembre par Donald Hebert - Le Nouvel Observateur
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