Cadavres découverts à Boutcha : Zelensky accuse la Russie de « génocide », les Européens évoquent des « crimes de guerre »
Le président français Emmanuel Macron a dénoncé des images « insoutenables », affirmant que « les autorités russes devront répondre de ces crimes ».
L’Ukraine a accusé ce dimanche 3 avril l’armée russe d’avoir commis un « massacre délibéré » à Boutcha, après la découverte de nombreux cadavres dans cette ville au Nord-Ouest de Kiev qui a suscité l’indignation de responsables européen et britannique, le jour même où l’ONU tente une mission à Moscou.
Selon l’Ukraine, les localités d’Irpin, Boutcha, Gostomel et toute la région de Kiev « ont été libérées de l’envahisseur » qui abandonne des villes-clés près de la capitale ainsi que de Tcherniguiv, dans le Nord du pays, pour se redéployer vers l’Est et le Sud et « garder le contrôle » des territoires qu’elles y occupent.
Mais les Russes laissent derrière eux « un désastre total et de nombreux dangers », a dénoncé le président ukrainien Volodymyr Zelensky sur Facebook, en les accusant de « miner les territoires qu’ils quittent, des maisons, des munitions et même des cadavres ».
Dans un communiqué dimanche, l’organisation de défense des droits humains, Human Rights Watch a elle dénoncé des exactions contre des civils assimilables à des « crimes de guerre » de la part de soldats russes dans les régions de Tchernihiv, Kharkiv et Kiev.
HRW dit avoir documenté plusieurs cas de « violations des lois de la guerre », citant celui d’une femme violée à plusieurs reprises et battue par un soldat russe, les exécutions sommaires de sept hommes, « d’autres cas de violence » et « menaces à l’encontre de civils », ainsi que des pillages.
« Tués d’une balle à l’arrière de la tête »
À Boutcha, un journaliste de l’AFP a vu samedi les corps d’une vingtaine d’hommes, gisant dans une rue. Ces personnes ont été « toutes tuées d’une balle à l’arrière de la tête », selon Anatoly Fedorouk, le maire de cette ville reprise aux Russes, où près de 300 cadavres ont été enterrés dans des fosses communes.
« Nous avons trouvé des fosses communes. Nous avons trouvé des gens avec les mains et les jambes ligotées (...) et avec des coups de feu, des impacts de balles, à l’arrière de la tête », a déclaré à la BBC le porte-parole du président ukrainien, Serguiï Nikiforovil.
« C’étaient clairement des civils et ils ont été exécutés. Cela ressemble exactement à des crimes de guerre. »
Les corps de 57 personnes ont ainsi été retrouvés dans une de ces fosses communes.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie de commettre un « génocide » en Ukraine : « Oui, c’est un génocide. L’élimination de toute la nation et des gens, nous sommes citoyens d’Ukraine. Nous avons plus de 100 nationalités. Il s’agit de la destruction et de l’extermination de toutes ces nationalités », a-t-il déclaré dans un entretien avec la chaîne américaine CBS.
« Le massacre de Boutcha était délibéré. Les Russes veulent éliminer autant d’Ukrainiens qu’ils le peuvent. Nous devons les arrêter et les mettre dehors. J’exige de nouvelles sanctions dévastatrices du G7 MAINTENANT », a écrit sur Twitter le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba.
Les Européens en appellent à la Cour pénale internationale
Son homologue britannique Liz Truss s’est dite « horrifiée par les atrocités à Boutcha et d’autres villes » :
« Leurs attaques indiscriminées contre des civils innocents durant l’invasion illégale et injustifiée de l’Ukraine par la Russie doivent faire l’objet d’une enquête pour crimes de guerre. »
Elle a assuré que le Royaume-Uni soutiendrait « pleinement toute enquête par la Cour pénale internationale » et appelé une nouvelle fois à « accroître les sanctions » contre la Russie.
Le vice-chancelier et ministre allemand de l’Economie, Robert Habeck, a dénoncé un « terrible crime de guerre » et a souhaité que de nouvelles sanctions économiques soient adoptées par les pays de l’UE contre la Russie. « Ce terrible crime de guerre ne peut pas rester sans réponse », a affirmé l’écologiste au journal allemand Bild, au lendemain de la découverte de nombreux cadavres à Boutcha, une ville au Nord-Ouest de Kiev, reprise aux Russes. « Je pense qu’un renforcement des sanctions est indiqué. C’est ce que nous préparons avec nos partenaires de l’UE. »
Même posture pour la France : Emmanuel Macron a dénoncé des images « insoutenables », de « centaines de civils lâchement assassinés », affirmant que « les autorités russes devront répondre de ces crimes ». « J’ai pris connaissance des informations faisant état d’exactions massives commises par les forces russes dans des villes ukrainiennes qu’elles occupaient ces dernières semaines, en particulier dans la localité de Bucha (Boutcha, NDLR). Je condamne avec la plus grande fermeté de tels actes constitutifs, s’ils sont confirmés, de crimes de guerre », a pour sa part déclaré le ministre Jean-Yves Le Drian dans un communiqué transmis à l’AFP.
« Nous travaillerons, en lien avec nos partenaires, les autorités ukrainiennes et les juridictions internationales compétentes, notamment la Cour pénale internationale, pour que ces actes ne restent pas impunis et que leurs responsables soient jugés et condamnés. »
Le président du Conseil européen, Charles Michel, s’est également dit « choqué par les images obsédantes des atrocités commises par l’armée russe dans la région libérée de Kiev », sur Twitter.
« L’UE aide l’Ukraine et des ONG à rassembler les preuves nécessaires pour des poursuites devant les cours internationales », a-t-il dit, en ajoutant : « Plus de sanctions et d’aide de l’UE sont en chemin. »
« Cela doit s’arrêter »
L’Otan a, par la voix de son secrétaire général Jens Stoltenberg, dénoncé des actes « horribles » et « absolument inacceptables » contre les civils. Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a évoqué pour sa par « un coup de poing à l’estomac », martelant que « cela doit s’arrêter ».
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est pour sa part dit dimanche « profondément choqué par les images de civils tués à Boutcha ».
« Il est essentiel qu’une enquête indépendante permette de faire rendre des comptes » aux responsables.
Boutcha et la ville voisine d’Irpin, en banlieue de Kiev, ont été rendues méconnaissables par les bombardements. Elles ont aussi été le théâtre de certains des combats les plus féroces depuis que la Russie a attaqué l’Ukraine le 24 février, quand les soldats russes tentaient alors d’encercler Kiev.
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